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L’Ivrerie

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    14juillet 2018
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    La maison est là, solide et massive, en partie ombrée. La rêveuse la voit de la route, dressée en bout d’allée, les volets de bois défraîchis traversés de veines, d’éclats, certains penchés, retenus par un gond rouillé.

    On devine une porte à présent, engoncée dans une glycine qui d’ornement n’a plus que le nom, devenue prison. Le jardin endormi, envahi par les ronces et le lierre,  semble revenu au temps d’avant l’outil de l’homme, de ses rêves de conquête du sol, d’ordre et d’organisation. Les troncs jaillissent par touffes, s’entravent sans contraintes, se couchent et jonchent le sol, abris pour champignons, repaires pour petits rongeurs, couches pour animaux sauvages.

    Le portail de métal , altier , savamment travaillé, brodé de roses et de feuilles tressées, en interdisait l’entrée autrefois caché sous d’innocentes circonvolutions, dans une volonté féroce d’interdire l’entrée à quiconque n’y est pas invité. A présent le métal s’est effacé sous les affronts du temps et les multiples passages des curieux.

    La rêveuse se faufile, emprunte l’allée, traverse le jardin à petits pas prudents, évite les branches basses, enjambe branchages secs et tas de feuilles, trébuche à chaque pas sur des pierres qui semblent se jeter sous ses pieds pour la faire chuter et atteint enfin la maison abandonnée, rétive à se montrer.

    Cette maison de meulière est une maison de maître.  Maison de pierres grêlée de trous, restes de séismes volcaniques. La rêveuse a vu de ces pierres en Auvergne, en a rempli sa valise pour en rapporter ses secrets. Sa main en reconnaît les volumes, les gemmes brillantes au fond des aspérités. Une pierre roule sous ses doigts, se détache du mur et tombe sur la terre humide cachée par les fraisiers sauvages qui ont envahi le soubassement. La rêveuse y plonge la main. Des gouttes fraîches perlent, les petits fruits d’un rouge intense s’offrent à la caresse. Les doigts s’attardent, s’enfoncent entre mur et terre… cela s’effrite. Les doigts fouillent le bas du mur, se faufilent. Les pierres ont fait place à une sorte de magma de sable, les fondations de la maison sont dévorées par le vide.

    L’effondrement est imminent. La rêveuse s’écarte du mur,  regarde une dernière fois la maison avant de s’en détourner. Plus un regard. Le rêve la quitte.

     

    14juillet 2018
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    Les maisons des rêves ouvrent sur d’autres espaces.

    Chambres inconnues, le plus souvent inoccupées, meublées de façon étrange, croulant sous livres, cahiers et journaux, tapissées de feuilles de couleurs, de timbres postes aux destinations coloniales et exotiques, envahies de chats et de rats, de souris et d’insectes . Des oiseaux y nichent, des chauves souris s’y ennuient.

    Parfois au détour d’un couloir, une porte s’entrouvre.  Une chambre d’enfant, jamais vue et pourtant reconnue, révélée à la dormeuse qui s’en étonne à peine, passe avec nonchalance sa main sur le papier peint fané d’énormes pivoines violacées et livides la dévisagent  dans l’égarement du sommeil .

    Une nuit, c’est une porte-fenêtre qui s’ouvre sur une petite terrasse de pierre envahie de lierre  une lumière vive s’écrase contre le sol minéral. Un passage aspire la rêveuse dans un dédale feuillu, les branches rugueuses accrochent ses mollets nus, ralentissent sa marche. Elle se fraye un chemin pourtant, et tout à coup, l’horizon se libère de ses liens végétaux. Une ligne sinueuse de gravier blanc encadrée de buis l’invite à avancer plus avant. Ses pas sont assurés, ses mains légères s’attardent sur le plat du buis, le regard curieux se porte vers l’avant grisé et nuageux rien ne perce, univers secret du rêve .

    Mais à présent, le chemin de petits graviers blancs se resserre, l’étouffe, laisse place à un tortillon qui s’élève,  bordé de buis dressés et disciplinés à hauteur de visage.

    La rêveuse avance toujours, à l’aveugle, et s’élève lentement dans cette haie de buis, sans espoir de retour en arrière. Elle ne peut qu’avancer, grimper, ne peut se retourner, enjamber, encore moins bifurquer.

    Le chemin est le sien à présent, elle le sait. Il se fait labyrinthe, dessinant de petits carrés où elle évolue, veinés de blanc et vert foncé dont les tiges légères l’effleurent sans entraver sa marche. Une odeur de plante humide et âcre. Une lumière crue.

    Se réveille le jour de Pâques, la rêveuse.

     

    14juillet 2018
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    L’oiseau est là, qui ne bouge pas, à même le sol. Seuls ses yeux sont pris de mouvements frénétiques. La terre est poussière, à peine herbeuse, couleur cendrée.

    La rêveuse est debout à observer l’oiseau, curieuse de son silence, de son inertie, de sa possible agonie. Le bec entr’ouvert happe le vide puis se fixe béant. Un souffle d’air caresse le petit corps recroquevillé dont les plumes ternes sont collées, engluées. Les pattes du volatile se tendent. Étreinte vide.

    Un sentiment de désolation s’abat sur la rêveuse, une tristesse sourde. Pourtant elle reste là, à épier. Attends quelque chose, la fin sans doute, quand l’espoir est là, fou, impensable.

    Non. Les yeux s’immobilisent, fixent le toit du ciel. Un voile les recouvre. Deviennent vitreux, opaques. C’est la fin.

    La rêveuse se détourne à regret mais, comme pour la retenir, l’oiseau se fait poussière, se lie à la terre, se délite. Le spectacle continue, la retient de quitter ce songe,  impose une suite macabre, un mouvement contre nature.

    Puis le feu prend la cendre, se nourrit de ce qui était, et l’oiseau renaît de ce qui couve, parmi les flammes, plumes de feu.

    Et la vie reprend là où elle avait cessé.

    L’oiseau semble plus grand dans sa résurrection, s’élance, battant violemment des ailes, regard vif, plumes arc en ciel.

    La joie étreint la rêveuse, dont les pieds sont rivés au sol. Et l’éveille.

     

    19juin 2018
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    Il y un loup tapi au fond de moi, qui a faim et qui se joue de moi

    Il y a un pou, papou, qui court après on ne sait quoi

    Il y a une peur tapie au fond des bois

    Les yeux hagards du cerf qui aboie

    La main de fer enserre et broie

    Le loup s’éclipse, l’échine ploie

    Et le pou, il fait quoi ?

    19juin 2018
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    Juché dans mes bras, tu t’étires Accordéon

    Ton souffle se mélange au mien, ivre de son

    Je dois porter ma voix, et te quitter, pardon

    19juin 2018
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    Elle est là la fille, au bar, suspendue sur ses talons, agrippée au rebord par ses doigts boudinés, blancs, dont les bagues serties jettent des éclats bleutés, clins d’oeil aux glaçons qui gisent au fond des verres dépolis, givrés dans leurs habits de fête.

    Au dessus de sa tête est posé un chignon haut et c’est un miracle que ce plat de cheveux rebelles ne se déverse et se mêle au sucre des coupes. Solidement arrimé, le chignon, au contraire, se dresse, suit son propre rythme entre gloussements et soupirs.

    Tout à coup, dans le brouhaha, un son aigu surgit né entre les seins de la fille qui se fraie un chemin. Un éclat de rire strident, hoquette, s’élance, se jette  contre le rempart des dents, se répand sur la langue et dans un élan victorieux éclate sur les lèvres roses comme un fruit mûr que l’on presse, et s’échappe.

    La fille n’est pas à un éclat près, connait la chanson et son effet sur son auditoire. Son rire de gorge vire à l’exhalaison cristalline, finit en secousse stridente. L’apothéose est une suite de petits remous criards qui signent la délivrance. Le chignon n’a pas regimbé. Les mains se sont jetées en l’air en quête d’évasion tandis qu’un énorme soupir se glisse dans le giron du corsage dont les seins compriment le tissu.

    La fille a retrouvé son équilibre. L’avait-elle perdu? la comédie de la séduction en guise d’exutoire a ravi la fille à elle-même et son auditoire a bien ri.

    19juin 2018
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    Alors, c’est vrai ?

    Ben, oui.

    C’est sûr?

    Depuis hier.

    Et tu l’a vu?

    Faut pas exagérer!

    Grâce? Il a demandé grâce ?

    Histoire de dire… plus ou moins

    Il parait que c’est arrivé vite

    J’ai un doute, quand même

    Kérosène? C’est ça ?

    Les grands mots, tout de suite !

    Mais si! je l’ai entendu dire

    Ne croit pas tout ce qui se dit

    On peut y croire ou pas?

    Pourquoi pas, si c’est vrai.

    Qui l’a dit ?

    Reste à savoir

    Si on le dit.

    Tout a été dit de A à Z . Et puis c’est tout.

    Une chose  pareille? Vraiment ? ?                                                                  

    Vraiment. Dans un bus. Une rame, je crois

    Wagon, on l’a dit , dans un train …

    Xénophobe, il l’était sûrement

    Yeux bleus, casquette vissée sur la tête

    Zélé, il était. Ça on peut le dire !

    19juin 2018
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    Lire c’est rêver les yeux ouverts, dit-on, une nourriture, une faim.

    Pour la petite, Le goût du sucre se mêlait au plaisir de la fiction. Le jeudi était, à cette époque là, le jour des enfants, sans école. Le temps était bien long entre le départ de la mère et son retour.  Et pourtant ce temps lui appartenait, en propre, il était un refuge, s’étirait dans une quasi somnolence, presque sans conscience. Avec le retour de la mère revenait le temps du réel, du concret.

    Elle avait pris l’habitude, se réveillant seule dans l’appartement, de remplir de sucre une bouteille d’eau, caler chaise et coussin dans la cuisine, là, près des fenêtres qui donnaient sur les toits,  puis de se diriger vers la bibliothèque maternelle dans le salon. Choisir le livre du jour n’était pas une tâche facile pour la petite. La bibliothèque imposante, chargée de livres serrés, entassés, Recouvrait l’intégralité de deux murs du salon jusqu’au plafond. Certains d’entre eux, anciens, reliés de cuir, à la tranche dorée, L’intimidaient. D’autres, qui dissimulés dans des recoins secrets Étaient réservés aux adultes, elle les ignorait, encore obéissante. Elle finira par les lire un jour, et n’y comprendra rien ou presque, Mais ils lui laisseront le goût du non-dit, du caché, des interdits. Elle leur préférait quand à elle, les épais, aux couleurs rutilantes, Qui annonçaient de longues péripéties, des romances exotiques. Comment reconnaître celui qui ouvrira les portes de l’aventure? Le hasard le plus souvent, l’intuition parfois, un auteur reconnu,  Et à coup sûr, la curiosité et le goût des mots, des personnages, Des situations déjà, qui seront ce qui accompagnera sa vie adulte. Le livre élu sera l’objet de toute son attention de ce jeudi. Assise,lovée sur la chaise, pieds en l’air posés directement sur le buffet,Il sera dévoré en place du repas, avalé, point de départ des rêves et régurgitations imaginaires de la semaine, qui, se mêlant au réel,  Saura l’adoucir comme le fera l’eau sucrée coulant sur le menton. La mère n’en saura rien, livre et chaise rangés à leur place. Seuls la mémoire en conservera la fièvre et les élans secrets.

    19juin 2018
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    Une eau profonde et sombre, trouble, animée d’ombres. La rêveuse nage avec rage une sorte de brasse animale, lourd mammifère marin qui se déporte de droite à gauche, entre deux eaux, rapide et nerveux malgré sa masse.

    La rêveuse ignore que son être diurne ne nage pas si bien.

    Elle se fraye un chemin en apnée, pressée d’avancer, de suivre la langue d’eau qu’elle s’est tracée. N’a pas besoin de respirer.

    Comment est sa bouche, fermée? lèvres scellées, mi-closes? la rêveuse l’ignore, cela n’a pas d’importance. Seul le fait de nager a de l’importance.

    Des poissons la frôlent, gris et sinueux, l’invitent avec aisance. Eux vont dans tous les sens, nerveux, brusques, la dépassent, mus par d’imprévisibles influx électriques ils ondulent, indifférents à l’humaine forme qui s’applique à leur ressembler.

    La rêveuse goûte ce nouvel état, s’en délecte, le fait sien, laisse choir sa chair glabre écrasée sous les oreillers, inerte. Se lance à corps perdu dans cette danse aquatique.

    Soudain, une remontée de conscience la jette hors du rêve. L’élan vital lui coupe le souffle, elle qui se croyait munie de branchies. Le corps se cabre, muscles durcis à la recherche d’un appui, s’engouffre dans l’oeil du cyclone.

    Un cri. Renaît à la vie.

    Réveil. Un goût d’huile dans la bouche.

    19juin 2018
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    Nous partons dans quelques jours pour Stockholm, mais je décide de partir seule, quelques jours avant. Ce n’est pas prévu, je me décide à la dernière minute.

    Pourtant, dans le rêve, ce n’est pas Stokholm, ce voyage projeté ensemble, mais Prague, déjà visité ensemble il y a quelques années.

    Je prends un billet d’avion et arrive dans une grande ville. Je ne la reconnais pas. Son fleuve majestueux, ses ponts, ses jolies petites places pavées, ses vieilles rues, son horloge qui attire une foule de badauds, revisitant à chaque heure un rituel convenu d’avance  et pourtant attendu avec ravissement. Non, juste une grande ville moderne égarée dans les raccourcis du rêve.

    Peut-être un quartier excentré, me dis-je, comme tous ceux que les villes cachent aux touristes, là où s’affairent le manque, la désillusion, les petits trafics et les actes honteux.

    Je décide donc de croire qu’il s’agit toujours de Stockholm alors même que pour moi, il ne fait aucun doute que je suis à Prague. Contractions du temps et de l’espace chers au rêveur. Je m’y abandonne avec joie.

    Je décide d’aller vers l’extérieur de la ville où il n’est pas prévu que nous allions avec toi,  je ne suis pas venue faire du tourisme. J’ai répondu à l’appel pressant du départ. Et j’ai choisi le rêve, sans doute, pour ce voyage solitaire qui se joue du temps et du lieu.

    Je prends donc un bus vers la périphérie de la ville, suite de grandes avenues, identiques, bâtiments modernes, magasins achalandés, colorés, gisants aux pieds du chaland. Une foule aveugle et pressée, aux vêtements gris, visages uniformes, fermés . Puis la banlieue, comme celle de toutes les grandes villes, celle des quartiers. On pourrait être à Tanger, à Paris ou à Lisbonne.

    Descendue au Terminus du bus, je regarde autour de moi, un peu interdite, perdue. Je rentre à l’aveugle dans la première boutique qui s’offre à ma vue comme un refuge. Ouverte sur l’extérieur, bois clair et plantes apaisantes, grandes baies vitrées et sièges confortables, dégustation de cafés et thés du monde, petits gâteaux fait maison, sucre candy. Lieu rassurant que l’on retrouve dans chaque grande ville. Un havre de paix.

    Un jeune homme m’accueille, souriant. Assise au bar, mon anglais est hésitant.

    “ I’m looking for a room for a few days “.

    Il sourit toujours. Puis s’éloigne, tapote un coussin. Il parle français, avec un petit accent.

    “ Loin de la ville, pas cher du tout . Je suis partie presque sans argent, j’étais pressée.”

    Il comprends bien sûr. Connaître la campagne, les habitants, la vraie vie. Acquiesce. Il a ce qu’il me faut . Je m’installe pour boire un thé et  déguster un petit gateau au son.

    Une jeune femme blonde, cheveux presque blancs, souriante, apparaît. Elle parle avec le jeune homme. Cela ressemble à du suédois. Je ne sais plus dans quelle ville je suis supposée être. La conversation est animée, enthousiaste, puis il téléphone et me fait signe. Il m’accompagne, semble-t-il, je ne demande pas , je le suis en confiance. La fille rit, en montrant ses dents, très blanches et bien alignées.

    Nous montons dans un train un peu vieillot, sièges en bois et tablettes usagées. Le paysage défile dans un rythme assez lent. Des vallées, des montagnes, des plaines se succèdent, mais le paysage n’a rien à voir avec la tchécoslovaquie, enfin celle que j’imagine car je ne connais que la capitale. Et pourtant, tchécoslovaquie, ce nom s’impose dans mon rêve, depuis le début, comme un évidence, insistante.

    Le voyage continue mais à présent, le train est ouvert, sans portes et sans fenêtres. Dans mon petit sac en toile, ouvert lui aussi, peu d’affaires, je suis partie si vite. Mon chat Zéphyr est là, sur le marchepied du train qui roule , il est tranquille, me regarde. Je ne savais pas que je l’avais emmené avec moi. Il n’a pas peur.

    La nature que je vois de la porte ouverte change. Le train suit un chemin torturé  à présent , grimpe contre une paroi abrupte. Montagnes, vallées luxuriantes puis semi désertiques,  nappes d’eau , ciel bleu. Les couleurs sont saturées, sorte de carte postale colorisée.

    C’est le terminus. Je suis le jeune homme dans des rues aux petites maisons de pierre, basses, blanches. On se croirait dans un pays du sud de l’europe, le sol fait de poussière et de sable mêlé. Mon chat est dans le sac, je le serre sous le bras. Ses yeux me fixent, pupilles verticales, voit comme toujours ce que je ne vois pas. Allonge la patte hors du sac, griffes tendues, geste indolent.

    Une grande place, sèche, ensoleillée. Au centre une fontaine d’eau fraîche,  des terrasses avec des meubles dépareillés, des hommes buvant le thé en silence. Des gens s’affairent nonchalamment,  habillés de longs vêtements clairs, de chèches. Je me dis “ c’est drôle, ça ne ressemble ni à la tchécoslovaquie ni à Stockholm ! “. L’homme se dirige à pas lents vers une enseigne en bois “ guests room.  Le Taj Mahal “.

    Nous pénétrons dans un grand hall,  couleur sable, sans fenêtre ni porte où la nature s’invite. Le paysage est le même que dans le train. Montagne luxuriante, vallées, l’image de l’Inde où je ne suis jamais allée, à moins que je sois sous l’emprise du nom de le l’hôtel. Deux hommes nous accueillent. L’homme du café de Prague négocie pour moi la chambre dans une nouvelle langue.

    Ils sont jeunes aussi, mais basanés, comme les gens du Maghreb. Je leur dit:

    “ Vous êtes hindous ? Vous ne ressemblez pas à des hindous “

    “ On est algériens. “

    “ Ah c’est pour ca “.

    Pourtant, le Taj Mahal… mais je ne veux pas les vexer.  Leur sourire est doux, lumineux.

    Ils m’accompagnent à l’étage vers ma chambre où Il y a un patio et de grands couloirs vides ouverts sur l’extérieur.  Le jeune homme de Prague me dit que j’y serai très bien mais que l’hôtel est déserté,  que c’est dommage. Et s’en va.

    Je rentre dans une pièce précédée d’un homme de l’hôtel qui me tient les portes. Elles sont  branlantes. Il y a des douches séparées par des rideaux et une rangée de lavabos. Je suis déçue.  C’est blanc, propre, mais il y a de la poussière, du sable très fin, partout et surtout c’est collectif. Puis il me fait entrer dans une grande pièce blanche à la chaux et s’éclipse à la manière des orientaux.

    Un lit,  une table,  une grande fenêtre ouverte sur la vallée.  Même paysage , même carte postale et de l’eau en cascade. Je pose mon sac et regarde autour de moi.  J’ai oublié mon chat… il doit dormir.

    Puis je vois un rat courir entre mes pattes poursuivi par Zéphyr… non ce n’est pas lui , il lui ressemble. Un chat oriental. Puis, tout à coup, une dizaine de chats sortent de nulle part, de couleurs différentes, tous orientaux.

    Je cherche le mien et le découvre tapi sur une étagère, sous le seul meuble de la pièce, derrière un rideau blanc. Je l’attrape sans ménagement et le met dans mon sac de toile il disparaît  aussitôt.

    Je me dirige vers la porte de la chambre restée ouverte. Un homme m’attends tout de blanc vêtu , un turban sur la tête. Je me dis “ lui , il fait bien indien au moins “ . Il me salue et me montre les douches avec sa main paume ouverte, souriant, courtois.

    “ I have to talk with the boss “

    Je suis pressée tout à coup . Tous ces chats ….

    “ I need a room. Alone “

    Il est surpris car pour lui je suis seule, il n’y a que des rats et des chats. Il me fait signe de le suivre , souriant toujours.

    Je sens qu’au Taj Mahal il y a une solution à tout. Je vais enfin pouvoir me reposer.

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