seprator

Author: Roberte Lamy Conteuse

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11juin 2018
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OUF

On l’a échappé belle !

Un peu plus, et on y passait.

Finalement, la vie est bien faite !

11juin 2018
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La plus âgée regarde la petite. Elle est déjà grande, ronde, brune, entourée de longs cheveux rebelles. Une frange.

Elles se regardent .

Il y a des photos, de toutes les époques, des vidéos, des rushes avec de toutes petites images les unes à côté des autres.  Le film de la vie.

“ Je ne te reconnais pas “ dit-elle à la petite.

La petite soulève sa frange.

“ Moi non plus…. Je n’avais pas de frange! “

11juin 2018
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Le premier jardin, inaugural, c’est celui de l’émoi de la nature pour la fille de la ville. Une maison en meulière, cachée derrière la végétation, c’est la photo qui le dit, un peu jaunie.

La petite a un short et des nattes, un sourire convenu comme toujours du temps de son enfance, le regard en dessous qui en dit long sur les bêtises à venir.

C’est une amie de la mère la femme qui habite la maison, une maison de banlieue avec des airs de province, avant les échangeurs, les barres d’immeuble, les quartiers.

La petite a dix ans dans ces années soixante les jupes raccourcissent, le vieux monde se cabre, renâcle, joue les prolongations. Témoin des conversations de femmes seules, un échec à l’époque, un stigmate, presque une honte, elle s’ennuie surement et contient son corps à l’immobilité. La mère a un enfant, est divorcée, pas fille mère, c’est déjà ça, et acquis de haute lutte, mais pas plus. L’enfant a un nom, qui a valeur de non, d’erreur, de mensonge, de non dit.

La femme de la maison n’a ni mari, ni enfant. Vieille fille,  alors qu’elle n’est pas une vieille ni plus une fille aux yeux de la petite. C’est l’époque qui veut ca, l’héritage du passé.

La petite s’en moque, elle fait bonne figure et se tait. C’est une visite de la mère, la petite l’accompagne. Elle est toujours avec elle, de concert, un monôme, la môme. N’imagine rien d’autre qu’être avec la mère, comme un bout de la mère.

Petits gâteaux rassis en rang dans la boîte en fer, jus de fruit pour la petite, café pour les parleuses. La petite regarde par la fenêtre, happée par la glycine.

Autorisée enfin à sortir, laisser les femmes parler entre elles, secrets, regrets, espoirs, elle ne demande pas son reste.

Et le jardin l’accueille, la prend à bras le corps. Un fouillis de branches, d’arbustes folâtres, de fleurs odorantes. Jardin touffu qui ignore la coupe, chaque espèce prospère, se fraie un chemin au sein d’autres essences. Volubilis, onagres et rosiers s’entrelacent, cerisier lourd de ses fruits,  poiriers entravé de liserons.

La petite avance jambes nues, brave les orties, se laisse gifler par les branches basses, découvre  la force de la nature dans ce petit jardin qui lui ouvre un monde, empli d’oiseaux et d’odeurs.

Le temps s’arrête. Fourmis captent son attention, papillons l’enchantent, gendarmes en colonne, écorce d’arbres et lierre. Lieu enchanteur qui offre sa fraîcheur en ce jour d’été chaud et lourd, lumière tamisée les rayons percent, adoucis et retenus. Le temps est suspendu et lorsque l’appel de la mère se fait entendre, la petite feint de ne pas comprendre, voulant retenir le moment présent, repousser le départ mais la voix s’impatiente impossible à ignorer. La petite réapparaît, joues rouges, mollets griffés, doigts terreux. La mère hésite entre rire et convenance puis tourne les talons. Il faut rentrer. Un train  à prendre. A ne pas rater. Au revoir . A une autre fois. Quelle belle après-midi. Si la mère savait !

Dernier regard au jardin qui semble n’avoir pris vie que pour elle. Le retour, le coeur lourd, des effluves plein les doigts.

11juin 2018
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La fenêtre est entrouverte sur la nuit printanière. Un souffle d’air apaise la chaleur moite des draps. Les bruits de la nuit s’insinuent dans le rêve, frémissements sournois, murmures à mi-voix.

Douée d’ubiquité, la rêveuse tend les bras, éloigne le drap, alors même que son corps frileux s’y love et se recouvre . La rêveuse n’a pas froid aux yeux ni aux pieds, et debout, rejoint la fenêtre, l’ouvre sur l’inconnu qui la ravit.

Chaque soir elle est là qui attend la nuit, impatiente, quand d’autres s’y refusent et s’ancrent dans l’insomnie. C’est que ses nuits sont belles à faire honte aux jours.

Deux vies se côtoient et s’alimentent l’une l’autre. La diurne la trouve active, ou plongée dans la rêverie. La nocturne lui ouvre des portes infinies et l’enseigne sur ce que sont ses rêves, ses peurs anciennes que ses jours éloignent ou feignent d’ignorer.

La rêveuse lâche les amarres du réel sans regrets, voire même s’y complait, en attend les effets. N’est jamais déçue alors même que souvent le non-sens se cache au sein de rêves anodins la seule action est de prendre le train, d’en prendre un autre, de le rater, ou pire de le prendre vraiment et d’arriver à destination.

L’absurde ne le dispute pas toujours au merveilleux. Parfois l’ennui se cache au coeur même du rêve, impose la répétition incessante de ce qui veut se dire quand même. Mais lorsque  le symbolique prend sens au coeur de notre vie, le rêve, dans un jaillissement poétique, se fait illumination.

Alors une seule nuit suffit à justifier de dormir une partie de notre vie.

11juin 2018
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“ Ce n’est pas si facile d’écrire sur rien “ .

C’est Patti Smith qui commence ainsi son livre M Train. Mais écrit-on jamais sur rien ? pas de sujet, pas d’objet, pas d’histoire? sans forme littéraire identifiable ? mots pour ne rien dire. Des petits riens.

Et sans l’excuse d’être de la poésie à qui on ne reproche pas d’être sans queue ni tête.

Sans queue ni tête. La tête de qui ? et pourquoi la queue ? ça ne peut pas être grivois donc ca veut dire n’importe quoi. Sans début, sans fin. Ou un serpent qui se mord la queue . Ou un ver. Des vers. Là, on revient à la poésie.

Rien parce que ca n’a pas de sens?

Autant laisser mon chat marcher sur le clavier. ZX FDCY GUIOP[L;’./

Alors j’écris ce qui me vient en tête parce que c’est insistant, entêtant même, et plus seulement des histoires, des contes à partager. Non des mots qui s’invitent, qui s’imposent.

Autant le dire, ces mots, il faut les porter, les sortir de soi, les dompter, les assouplir pour les coucher sur le papier ou les écraser sur les touches du clavier.

Pour qu’ils me laissent au repos.

Et ca, c’est pas rien !

 

Qui suis-je ?

Etrebor Ymal  

Et si c’était cela, ce nom qui en cache un autre

Tiré de l’imaginaire des Mes mille et Une Nuits                                      

Reçu d’une improbable et si lointaine génétique                                      

Et accueilli avec enthousiasme par goût du défi.                                 

Brouille  les pistes, identité souterraine, occulte                                

Il obscurcit  le réel en jouant sur le sens caché                                  

Relique du micro-récit qui s’abreuve au secret.                               

Ymal, en turc, nomme une femme de chambre                              

Mais elle peut aussi bien y rêver qu’y travailler                                   

Allongée dans un lit profond bordé de coussins                                   

Et la voilà qui s’invente déjà une autre destinée.

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