La fenêtre est entrouverte sur la nuit printanière. Un souffle d’air apaise la chaleur moite des draps. Les bruits de la nuit s’insinuent dans le rêve, frémissements sournois, murmures à mi-voix.
Douée d’ubiquité, la rêveuse tend les bras, éloigne le drap, alors même que son corps frileux s’y love et se recouvre . La rêveuse n’a pas froid aux yeux ni aux pieds, et debout, rejoint la fenêtre, l’ouvre sur l’inconnu qui la ravit.
Chaque soir elle est là qui attend la nuit, impatiente, quand d’autres s’y refusent et s’ancrent dans l’insomnie. C’est que ses nuits sont belles à faire honte aux jours.
Deux vies se côtoient et s’alimentent l’une l’autre. La diurne la trouve active, ou plongée dans la rêverie. La nocturne lui ouvre des portes infinies et l’enseigne sur ce que sont ses rêves, ses peurs anciennes que ses jours éloignent ou feignent d’ignorer.
La rêveuse lâche les amarres du réel sans regrets, voire même s’y complait, en attend les effets. N’est jamais déçue alors même que souvent le non-sens se cache au sein de rêves anodins où la seule action est de prendre le train, d’en prendre un autre, de le rater, ou pire de le prendre vraiment et d’arriver à destination.
L’absurde ne le dispute pas toujours au merveilleux. Parfois l’ennui se cache au coeur même du rêve, impose la répétition incessante de ce qui veut se dire quand même. Mais lorsque le symbolique prend sens au coeur de notre vie, le rêve, dans un jaillissement poétique, se fait illumination.
Alors une seule nuit suffit à justifier de dormir une partie de notre vie.
Leave a Comment